27 octobre 2011

Cthulhu Saves The World

Test PC :


Par Shinobi
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Genre : RPG
Support : PC, Xbox360
Prix : 2€

Quand on y pense, c'est fou ce que le mythe de Ctlu...Clthu...Chlt...les œuvres de H.P Lovecraft sont devenues un phénomène de mode depuis une quinzaine d'année. Des jeux de rôles aux déclinaisons en jeux video, en passant par les peluches, images à la con qui fleurissent sur le net... A coup sûr, Lovecraft serait devenu fou en voyant ça ! Hahaha haha ha. Ho...

PHANTASY FTAGNH

Après les Point and Click, FPS et autres Alone in the Dark, le mythe de Cthulhu est interprété ici sous la forme d'un j-rpg à l'ancienne. Ça oui ma bonne dame, c'est bien old-school.
Le poulpe inter-planaire tente un retour en fanfare pour dominer le monde mais à peine émergé de sa cité sous-marine, le voilà qui se mange une malédiction lui faisant perdre tous ses pouvoirs. En plus il est réduit en SD toute kawai kikinou, la honte. Le tout est raconté par un narrateur cynique qui n'hésite pas à se foutre de la gueule du dieu tentaculaire, lequel va devoir accomplir divers actes héroïques pour recouvrer ses pouvoirs surpuissants.
Le jeu mise avant tout sur la parodie du genre, le narrateur comme Chtulhu n'hésitent pas à se moquer du jeu en lui-même et des clichés qu'il impose. Entre les équipiers débiles et les situations absurdes, tout est prétexte pour tourner en dérision ce qui constitue les fondements des Final Fantasy, Phantasy Star ou Dragon Quest. Le ton est donné dès les premières secondes et les vannes entre le narrateur et le personnage principal fusent.



WORLD OF LOVECRAFT



Le gros problème c'est que la parodie ne va pas assez loin. Au début le débit de blagues et railleries est respectable, puis CSTW tend à mettre la satire de côté pour appliquer normalement le système de gameplay. Le côté humoristique s'essouffle petit à petit pour laisser place à un rpg absolument minimaliste.


En effet, tout le côté jeu de rôle est trop succinct. Alors mettre en place des mécanismes classiques de rpg japonais pour les montrer du doigt et rire de leur aspect déjà-vu et répétitif peut être une bonne idée. Mais se prendre pour un vrai rpg quand on en a que le strict minimum, là ça fait de la peine.

Car le contenu de Chtulhu Saves The World est suffisant pour une bonne marade, et peut tenir la route à condition de jouer la carte de l'humour jusqu'au bout. Or le jeu délaisse parfois son aspect parodique pendant de looooongues phases purement orientées rpg old-school. Peut-être sont-elles moins longues que ça, mais croyez-moi on les sent passer.

On enchaine les étapes usuelles du genre : visite de village puis donjon, ensuite retour au village et on traverse une grotte ou une forêt remplie de monstres pour aller au nouveau village et au nouveau donjon, et ainsi de suite. Dans les donjons labyrinthiques, aussi vastes que vides, on pourra parcourir ds longs couloirs (et se farcir une vingtaine de combats aléatoires et répétitifs) pour trouver un pitit coffre contenant des vies ou du matériel que vous aurez sans doute déjà acheté en ville, pour enfin se farcir le boss.
La brochette de nazes !
On explorera la carte du monde pour aller ensuite au village et y faire exactement la même chose que dans la totalité des rpg de l'époque. Si les boutiques proposent un choix de matériel aussi vaste qu'une épicerie polonaise sous l'URSS, on pourra se consoler sur les quelques références faites aux œuvres de Henry Philibert Lovecraft en parlant aux pnjs et en fouillant les bibliothèques.
Si on a droit à quelques blagues lors des séquences contre les boss pour les donjons et les dialogues dans les villages, tout le reste est effectué le plus sérieusement qu'il soit. 

LE POULPE PATINE

Assister à un combat de CSTW est aussi passionnant que d'écouter votre pote Hugo qui vous décrirait son nouveau personnage des Sims.
Concrètement ça se joue exactement de la même manière qu'un Dragon Quest. Un écran statique où seuls les monstres et actions contextuelles sont visibles. On établit les agissements de son équipe à son tour et on balance la purée. Les combattants s'exécutent en fonction de leur stats en rapidité, et on recommence au tour suivant jusqu'à la fin du combat.
Les affrontements seraient affreusement simples si les ennemis ne gagnaient pas en puissance à chaque tour, forçant le joueur à rationaliser ses attaques et à devoir mettre fin au combat le plus vite possible. Si cette idée originale ajoute un bon challenge contre les boss, son intérêt se gamelle lors des affrontements aléatoires, soit 90% des combats.
En effet, on affronte toujours les mêmes configurations d'ennemis. Même s'ils peuvent être nombreux à l'écran, ce sont constamment les mêmes équipes de streumons qui tourneront et finalement on se contente de balancer ad nauseam les mêmes attaques (les plus puissantes) à chaque combat.
Ajoutez à cela un manque de diversité dans les attaques acquises par les persos (chouette encore une boule de feu, mais celle-là elle est plus puissante. Délire !) et tout espoir d’élaboration de stratégie s’effondre.
Les combats sont aussi rapides et dynamiques que répétitifs et ennuyeux. 

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CONCLUSION :
Cthulhu Saves The World partait bien. Avec des héros attachants, un humour sympa et son système d'ennemis devenant plus forts au fil des combats, la recette pouvait donner un petit jeu plus qu’agréable. Hélas l’ensemble se ramasse dans la pratique. Le côté parodique aurait mérité d'être plus approfondi, le gameplay sombre dans le gouffre de l'ennui et le contenu global est beaucoup trop léger. Pour un petit jeu-apéro qui miserait tout sur l'humour, ça passerait. Pour celui qui se prend pour un rpg rigolo mais un vrai rpg quand même, ça casse. 
Enfin pour 2€ vous aurez droit au soft avec en prime le premier jeu du même créateur. Peut-être de quoi occuper vingt minutes d’un dimanche après-midi pluvieux…

NOTE : 4/10
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10 octobre 2011

Alan Wake


Test 360 : 


Par Shinobi
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genre : action-aventure
support : xbox360


Des infos qui tombent au compte-gouttes, une image par-ci, une image par-là, des reports, des engueulades, cinq ans de développement et l'annulation de la version PC au dernier moment. Et bim. Voilà comment résumer le parcours d'Alan Wake avant sa sortie. Autant dire que les joueurs PC maudissaient son nom et les consoleux, héritiers indignes du produit des pères de Max Payne. J'avoue aussi avoir eu la haine à l'époque. Et puis je me suis acheté une Xbox alors maintenant je m'en tamponne le coquillard, quelque chose de bien...

WAKE ME UP !

"Barrez-vous cons de mimes !"
On incarne Alan Wake, écrivain à succès déprimé et ronchon (comme Marc Levy) dont les bouquins s'arrachent comme des petits pains (comme Frédéric Lefebvre). Victime du syndrome de la page blanche, son épouse décide alors de leur louer un chalet dans une petite ville perdue au fin fond des Rocheuses pour que son cher Alan retrouve l'inspiration. Et comme toutes les "bonnes idées" prises par la femme du protagoniste, ça tourne au drame. En effet, les évènements décrits dans les compositions de l'écrivain deviennent réelles, et son livre n'est pas du genre à s'intituler "Parce que je t'aime", si vous voyez ce que je veux dire. 

Alan va donc devoir ravaler son orgueil et sa prétention l'instant d'aller sauver sa potiche de gonzesse, mystérieusement enlevée par une mystérieuse entité entourée de mystère nommée "L'Ombre Noire".
Le jeu fait hommage au registre fantastique en faisant des clins d'yeux à Stephen King, Hitchcock, la 4ème Dimension, etc… 

HAIL TO THE STEPHEN KING, BABY !

"je ne te ferai rien, je vais simplement te défoncer la gueule."
Enfin par moment ce sont carrément de gros coups de coude que les développeurs assènent dans les côtes des joueurs, mais ces références sont très bien exploitées et donnent une bonne construction aux niveaux. 
Qu'on se le dise, le jeu est très linéaire. Et même si à certains endroits l'environnement semble plus ouvert, c’est qu’il s'agit simplement d'un couloir plus large que le précédent. Et pourtant, on a beau savoir que le niveau est une ligne droite, on a souvent l'impression d'être paumé dans les bois, seul dans la nuit. Alan pourra alors y courir nu (pour la version suédoise) ou le parcourir à l'aide de sa lampe torche et de son flingue.

A noter que l'ambiance du jeu est absolument exquise, on s'en prend plein les mirettes et les esgourdes. Pendant la nuit les ombres glissent de façon inquiétante sur le sol, les feuilles bruissent et le vent devient menaçant lorsque l'Ombre Noire approche, nous envoyant les "possédés" aux trousses. Elle nous balancera aussi depuis le ciel des carcasses d'avion, de bateau, des wagons… Manquerait plus qu'un piano pour se croire dans un épisode de Tex Avery. L'Ombre est également capable de prendre possession d'objets inanimés pour nous les envoyer à la tronche, de quoi faire passer Téléchat pour une émission chaleureuse.

PASSER D'HITCHCOCK ALAN


Pour vaincre les ennemis Alan devra les éclairer un certain temps avec sa lampe jusqu’à les rendre vulnérables aux balles. On dispose également d'objets de soutien comme des feux à main ou über puissants comme les fusées de détresse ou les grenades incapacitantes. Et...voilà. Le gameplay sera le même du début à la fin. Pas d'upgrades, pas de compétences qui se débloquent au fur et à mesure. On pointe, on tire et on esquive. Par conséquent on maîtrise vite les capacités du bonhomme et le jeu peut être très facile si l'on ne joue pas directement en difficile. 
Avec son game-design linéaire et son gameplay répétitif on pourrait s'ennuyer. On pourrait si les combats n'avaient pas une pêche d'enfer, les ennemis surgissent de nulle part, cherchent à nous encercler et nous harcèlent constamment. 

Et puis Alan Wake (le jeu, pas le bonhomme) est foutrement beau. La nuit les forêts sont angoissantes et l'on ne se sent jamais vraiment à l'aise. Le jour les décors sont tout bonnement splendides. Je suis bien resté plusieurs quarts d'heure à contempler les montagnes et leurs vallées qui s'étendent à perte de vue. Les couleurs et les jeux de lumières y sont pour beaucoup et le résultat est fabuleux. Les musiques sont particulièrement soignées et les doublages sont d'excellente qualité, j'en veux pour preuve le casting, qui compte notamment les voix de Jack Black, Jennifer Aniston, Dominic Purcell...
Et vlan, dans la gueule !
Le rendu visuel et sonore est donc très bon, on a même droit à quelques bullet-times et des bruitages venant directement de Max Payne. Cependant on peut regretter des animations faciales aussi rigides qu’un martien de Mars Attack, ce qui est un peu grisant lors des cinématiques. 

MILKY WAKE

Un side-kick grassouillet et débile, succès garanti
Mais ce qui fait d'Alan Wake autre chose qu'un TPS ultra-classique et sans surprises est sa narration, car la sienne est exemplaire. Dosant parfaitement suspens, révélations et rebondissements, elle n'abuse pas non plus des retournements de situation comme d'autres softs soit disant parce que ça fait "plus cinéma t'as vu". Le récit se paye même le luxe de maîtriser la mise en abîme, si bien que le joueur se retrouve aussi confus que le protagoniste. 
Si Alan Wake est séduisant grâce à ses mécanismes de gameplay efficaces et familiers, il devient fascinant par la façon dont il raconte son histoire. Très vite on se met à progresser par absorption du récit, et non plus pour enchaîner les combats.

Si Stephen King avait scénarisé un épisode de l’Écureuil Fou...
Le scénario, atypique et bizarre, adopte un style très littéraire et évoluera peu à peu en conte moderne, à la façon de "La Jeune Fille de l'Eau". Le caractère cinématographique est assumé sans jamais oublier qu'il s'agit d'un jeu vidéo. Et on peut remercier Remedy pour les cinématiques et les dialogues de qualités ni trop longs (on n'est pas dans un Metal Gear) ni trop pompeux.

Bref, on a là un jeu à l'histoire forte, servie par une narration en or que l'on déguste comme un bon thriller fantastique. Même les objets secondaires à récolter (pour les succès notamment) jouent un rôle majeur. Les manuscrits disséminés un peu partout soutiennent le déroulement des évènements et contribuent à éclaircir le background, tandis que les émissions font écho à l'histoire elle-même, à l'instar du comics de pirates à l'intérieur de Watchmen par exemple.
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CONCLUSION

Alan Wake est un jeu classique par ses mécanismes de jeu, mais devient exceptionnel à travers sa narration et son récit. Riche en émotions et aux personnages attachants, il est plus captivant de chapitres en chapitres. Enfin, le mode cauchemardesque vaut le peine de refaire le jeu, c'est d'ailleurs le meilleur moyen de profiter du scénario.

NOTE : 8/10
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